Peu de jours avant le coup-d’Etat du 30 septembre 1991, Son Excellence Président Jean-Bertrand Aristide fait sa première allocution à la tribune de l’ONU, le 25 septembre 1991, à l’occasion de la 46e session ordinaire de l’Assemblée générale.
Ce fut la première fois qu’un Président Haïtien démocratiquement élu s’adresse sur la tribune de l’Organisation des Nations Unies. Ce fut aussi pour la première fois que le Créole Haïtien a été parlé sur la tribune des Nations Unies. Ce faisant, le nouveau Président Haïtien a contribué à faire tomber un tabou et le complexe des élites haïtiennes à s’exprimer en Créole dans les lieux publics. De plus, la majeure partie de la population haïtienne qui ne peut s’exprimer qu’en Créole commence à être moins ostracisée notamment dans les services publics.
Credits: – Photo: Getty Images – Audio: Radio Haiti Inter (Emission Pawol la pale)
Il s’agit d’un extrait significatif de l’allocation de 31 minutes du Président du Conseil présidentiel, Son Excellence Edgard Leblanc Fils à la tribune des Nations Unies, à l’occasion de la 79e session ordinaire de l’Assemblée générale, le jeudi 26 septembre 2024.
L’ancien Président du Sénat de la République (1995-2000) a exprimé sa solidarité à l’égard des expatriés Haïtiens vivant à Springfield (Ohio, Etats-Unis d’Amérique) qui sont en train de subir la xénophobie et le racisme de certains extrémistes de droite durant la campagne présidentielle aux Etats-Unis. Il a aussi rappelé la longue histoire d’amitié des deux peuples.
Il a rappelé à la communauté internationale que le Général Jean-Jacques Dessalines, Père Fondateur de la Nation haïtienne, par le truchement de la Révolution haïtienne de 1803 ayant mis en déroute les colons Français, a donné aux droits humains leur caractère universel, cessant d’être les droits de l’Homme blanc, grâce au démantèlement de l’ordre colonial et esclavagiste.
Rappelant que l’échec d’Haïti à se relever n’est pas seulement celui d’une Nation, il en a profité pour remercier la communauté internationale pour son appui au rétablissement de la sécurité, sollicitant aussi une réflexion approfondie sur la transformation de la mission multinationale sur place, dirigée par le Kenya, en une mission de maintien de la paix comptant, dans ce cas de figure, sur les contributions obligatoires des Etats membres, pour pallier la nonchalance actuelle des pays dits amis d’Haïti pour le financement de la mission multinationale de sécurité.
Par ailleurs, devant la communauté internationale, il a pris l’engagement de faire organiser des élections libres, crédibles et transparentes, en vue de renouveler le personnel politique en Haïti. Il a aussi abordé les enjeux du changement climatique et a rappelé son impact négatif sur Haïti figurant pourtant parmi les pays les moins pollueurs. Enfin, il a entre autres abordé la question de la fracture numérique en Haïti et de l’empressement d’Haïti de signer l’accord sur la biodiversité marine, car Haïti, comme Etat insulaire, a besoin de protéger ses écosystèmes marins.
79e session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU, le jeudi 26 septembre 2024.
Credits Photo: Jean-Claude Duvalier in 1975. Photograph: Bettmann/Corbis (The Guardian)
Dans un message pré-enregistré à la Nation, le Président à vie, Jean-Claude Duvalier annonce avoir passé “le destin de la Nation et le pouvoir aux Forces Armées d’Haïti (FAd’H)”, très tôt dans la matinée du vendredi 7 février 1986, peu de temps avant de s’exiler en France pendant 25 ans.
Source de l’audio : The Radio Haiti Archives, Duke University
Haitian President General Henri Namphy Attends the UN General Assembly (Photo by Rick Maiman/Sygma via Getty Images)
Le discours du Lieutenant-Général Henri Namphy, proclamant le Conseil National de Gouvernement (CNG), le 7 février 1986. Le CNG est une instance collégiale ayant assumé les rênes du pouvoir en Haïti, à la suite de la démission et du départ pour l’exil du Président à vie Jean-Claude Duvalier surnommé Baby Doc.
Le Lieutenant-Général Henri Namphy a lancé un appel au calme, à la sérénité et à la pondération. Il fait un rappel du contexte politique ayant conduit à la chute du régime des Duvalier et fait le constat de l’échec de l’Etat et des abus de pouvoir enregistrés. De plus, il annonce la formation du CNG par les Forces Armées d’Haïti “pour la sauvegarde du patrimoine national”, dit-il.
Composition du CNG: Lieutenant-Général Henri Namphy (Président), Colonel Williams Régala, Colonel Max Vallès, Ingénieur Alix Cinéas, Me. Gérard Gourgue (membres), Colonel Prosper Avril (Conseiller)
Source de l’audio : The Radio Haiti Archives, Duke University
Haitian presidential candidate Father Jean-Bertrand Aristide (centre) casts one of his ballots 16 December 1990 in Port-au-Prince during Haiti’s presidential elections. Credits Photo: JEROME DELAY/AFP via Getty Images)
Le 7 février 1991, le Prêtre Jean-Bertrand Aristide délivre son discours d’investiture au Palais national, à la suite de son élection le 16 décembre 1990.
Ce fut l’une des rares élections non contestées en Haïti. Président Aristide est souvent considéré comme le premier Président démocratiquement élu sous l’égide de la Constitution du 29 mars 1987, car d’aucuns considèrent que l’élection de janvier 1988 ayant porté le Professeur Leslie François Manigat au pouvoir comme une élection sinon truquée par les Forces Armées d’Haïti (FAd’H), du moins accusant une trop faible participation populaire, car boycottée par les principaux partis et candidats, en raison des massacres enregistrés lors des élections de novembre 1987, premières élections organisées après le départ de Jean-Claude Duvalier en février 1986..
Le nouveau Président surnommé “Titid” ou encore “Ti Pè a”, en dépit du scepticisme d’une frange des élites économiques et militaires, était au sommet de sa popularité. Il était, à ce moment, le champion et la figure emblématique des assoiffés de la démocratie qui espéraient et/ou luttaient pour l’instauration réelle de la démocratie en Haïti. Président Aristide était, pour une bonne partie de la population, le symbole du changement. Mais le coup d’Etat du Général Raoul Cédras, le 30 septembre 1991 allait noyer l’espoir de démocratie en Haïti. La force a repris ses droits…
Temps forts du discours et/ou phrases historiquement retenues
Le nouveau Président considère le jour de son investiture comme aussi le jour du mariage d’amour entre les Forces Armées d’Haïti (FAd’H) et le Peuple Haïtien. Il dit vouloir faire des FAd’H une armée professionnelle.
Il dit aimer les enfants et être fou de la jeunesse.
« Wòch nan dlo pral konn doulè wòch nan solèy »
“Yon sèl dwèt pa manje kalalou” (proverbe Haïtien)
“Yon sèl nou fèb, ansanm nou fò, ansanm ansanm nou se lavalas »
Le Président dit publiquement n’avoir pas besoin de l’indemnité présidentielle de 50 000 GDES/mois. Trop d’argent pour le Président d’un pays pauvre.
Le nouveau Président fait aussi des annonces de promesses d’aide d’organisations internationales et/ou de pays étrangers.
Discours prononcé le 7 février 1991, au Palais national par-devant une foule immense