Le fait pour des principaux partis politiques et/ou de potentiels candidats de ne pas participer délibérément au processus électoral, dénonçant généralement l’irrégularité de la mise en place de l’institution chargée d’organiser les élections, dans le choix des conseillers électoraux ou le risque de leur partialité, ce qui peut compromettre à l’avance la sincérité du vote. Le boycott électoral peut aussi ne pas avoir un lien direct avec le processus électoral en cours ou annoncé, mais en lien avec des résultats électoraux antérieurs politiquement contestés et dont la revendication n’a pas été, du point de vue des partis ou candidats contestaires, prise en compte. Ce fut par exemple le cas de la présidentielle du 26 novembre 2000, boycottée par bon nombre des principaux partis politiques et de potentiels candidats, en raison des contestations électorales nées des législatives et sénatoriales du 21 mai 2000. Le boycott électoral est symptomatique d’un malaise, né d’un manque de confiance dans le processus électoral, chez des acteurs de l’échiquier politique, Dans le cadre d’une lutte sans merci pour le pouvoir, il peut se révéler aussi une arme politique redoutable des partis de l’opposition pour combattre le parti au pouvoir ou le régime en place, l’empêchant ainsi de faire organiser les élections à temps, afin de provoquer une transition, par la mise en place d’un gouvernement provisoire. Dans ce dernier cas de figure, il arrive que d’un côté, les partis de l’opposition soutiennent l’argument que l’équipe en place veut conserver le pouvoir et qu’un gouvernement provisoire est plus susceptible d’organiser une élection “politiquement acceptable”, évoquant le cas des élections du 16 décembre 1990, sous la présidence provisoire d’Ertha Pascal Trouillot. D’un autre côté, il est d’usage que l’équipe au pouvoir prétend que les partis et candidats de l’opposition ont peur du verdict des urnes, boycottent le processus électoral pour ne pas se faire “démasquer” par le peuple, car seul un gouvernement de transition leur donnerait la chance d’accéder au pouvoir. Un boycott électoral n’ayant pas empêché la tenue des élections risque de provoquer un déficit de représentativité pour les élus issus de ces dernières, car une grande partie du corps électoral peut ne pas voter, par adhésion à la position des partis contestataires de l’opposition ou par peur d’éventuels dérapages, d’autant que les périodes électorales sont souvent émaillées de violences. 

By Destin Jean

Spécialiste en droit public et droit international des droits de la personne - Avocat au Barreau de Port-au-Prince

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